Construire des connaissances en se racontant des histoires : le cas des fictions scientifiques

Catherine Frier

University Stendhal, Grenoble 3 – Lidilem

Summary

Building knowledge by telling stories: the case of scientific fictions

The paper attempts to assess the effects of an experiment conducted over a period of three years within the framework of a university course which aims at working simultaneously on written discourse and disciplinary content in the specialised field of “Sciences du langage” (Language sciences).

The process adopted is based on the following assumption: in order to integrate knowledge, it is necessary to familiarise oneself with it, and in order to achieve this, to relate it to one`s own personal history. Consequently, the choice of scientific writing of fiction within the framework of the experiment is likely to ensure this link between the “particular” (pole of subjectivity) and the “generic” (pole of scientific objectivity), by connecting areas usually kept strictly separate in the university context.

1) Quelques jalons théoriques

Cette communication trouve sa source dans le champ des recherches sur les pratiques de lecture/écriture comme modes de construction des savoirs dans l’enseignement supérieur. Ce champ est loin d’être nouveau en didactique et a déjà donné lieu à de très nombreuses publications1 dans des perspectives pluridisciplinaires. Ces travaux mettent souvent l’accent sur les difficultés rencontrées par les étudiants lors de leur première rencontre avec les textes de spécialité dans leur discipline (Frier, 1998). Difficulté à aborder la « connaissance théorique », à intégrer et à restituer notions et concepts de façon précise, à problématiser, à objectiver le savoir, à insérer le discours d’autrui dans son propre discours (Kara, 2004), à prendre en charge un point de vue (Rinck, 2004), à articuler théorie et expériences de terrain (Frier, 2004). Ces travaux insistent également sur la fonction heuristique de l’écrit et sur la dimension réflexive des pratiques scripturales qui favorisent la construction des connaissances et la « codification scripturale des savoirs » propre à la « raison graphique ». Depuis peu, un autre pan de la didactique s’intéresse plus spécifiquement au rôle joué par le récit dans la construction de la connaissance en général et du savoir scientifique en particulier, autrement dit à la fonction didactique du récit dans les différentes disciplines. (Reuter, 2007). Cette tendance est assez nouvelle puisque jusqu’à une époque récente la place de la narration dans la formation scientifique était très controversée : «